Publié le :  décembre 15, 2023,  par

Berlioz et le dernier degré de douceur (📅 10)




     Le 15 décembre 1833, dans le périodique Le Rénovateur, Hector Berlioz écrit sur Frédéric Chopin : 

« Chopin est un talent d’une tout autre nature [que Liszt]. Pour pouvoir l’apprécier complètement, je crois qu’il faut l’entendre de près, au salon plutôt qu’au théâtre, et faire abstraction de toute idée reçue; on ne pourrait en faire l’application ni à lui, ni à sa musique. 

Chopin comme exécutant et comme compositeur est un artiste à part, il n’a point de ressemblance avec un autre musicien de ma connaissance. Ses mélodies, toutes imprégnées des formes polonaises, ont quelque chose de naïvement sauvage qui charme et captive par son étrangeté même; dans ses études on trouve des combinaisons harmoniques d'une étonnante profondeur; il a imaginé une sorte de broderie chromatique reproduite dans plusieurs de ses compositions, dont l'effet ne peut se décrire tant il est bizarre et piquant. 

Malheureusement il n’y a guère que Chopin lui-même qui puisse jouer sa musique et lui donner ce tour original, cet imprévu qui est un de ses charmes principaux; son exécution est marbrée de mille nuances de mouvement dont il a seul le secret et qu'on ne pourrait indiquer. 

Il y a des détails incroyables dans ses mazurkas; encore a-t-il trouvé le moyen de les rendre doublement intéressants en les exécutant avec le dernier degré de douceur au superlatif du piano, les marteaux effleurant les cordes, tellement qu'on est tenté de s'approcher de l'instrument et de prêter l'oreille comme on ferait à un concert de sylphes ou de follets. »


Source: Chopin, âme des salons parisiens, Jean-Jacques Eigeldinger


Berlioz écrivit son article le jour d'un concert très attendu, qui eut lieu dans la prestigieuse Salle du Conservatoire, et réunissait Ferdinand Hiller, Franz Liszt, et F. Chopin notamment. Cette salle est située aujourd'hui au sein des locaux du Conservatoire national supérieur d'arts dramatiques et n'accueille plus de grands concerts. 

Portrait de F. Chopin lithographié par Gottfried Engelmann

Portrait de F. Chopin lithographié par Gottfried Engelmann (1833) d’après Pierre-Roche Vigneron. Signé et dédicacé par le compositeur à Louis Mortier de Fontaine (sothebys.com)


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(Calendrier °10)

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