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Rafał Blechacz (📸 Marco Borggreve ) |
Sommaire
Présentation
Rafał Blechacz, pianiste classique originaire de Pologne, a acquis une renommée internationale après sa victoire éclatante au XVe Concours international de piano Frédéric Chopin à Varsovie.
Le 21 octobre 2005 1, à seulement vingt ans, il s'est distingué en remportant non seulement le premier prix, mais également tous les prix d'interprétation : meilleure Polonaise, meilleure Mazurka, meilleure Sonate, meilleur Concerto, ainsi que le Prix spécial du public. 2
Sa performance, d'une qualité exceptionnelle, a conduit le jury à ne décerner aucun deuxième prix cette année-là, une situation sans précédent dans l’histoire de ce prestigieux concours, fondé en 1927 3. En hommage à cette prouesse, Rafał Blechacz a également reçu une réplique de la couronne de laurier argentée offerte à Halina Czerny-Stefańska en 1949 4.
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(📸 Rafał Blechacz, Concours Chopin 2005) |
1. Rafał Blechacz : "le 22 octobre 2005 à 0h30, j'ai été annoncé comme le lauréat du 15e Concours international de piano Frédéric Chopin" – facebook.com/rafalblechacz/posts
2. 3. Institut National Frédéric Chopin (Narodowy Instytut Fryderyka Chopina) : The 15th International Fryderyk Chopin Piano Competition
4. Halina Czerny-Stefańska a obtenu le premier prix ex-aequo avec l’artiste soviétique (puis américaine) Bella Davidovitch. Aucun pianiste polonais (ni aucune pianiste féminine) n’avait obtenu le premier prix avant 1949. – Musée Frédéric Chopin de Varsovie (Muzeum Fryderyka Chopina) : Rafał Blechacz był niekwestionowanym.
5. Institut National Frédéric Chopin (Narodowy Instytut Fryderyka Chopina) : The 15th International Fryderyk Chopin Piano Competition
Les prochains concerts
Rafał Blechacz a annoncé les dates de ses prochains concerts.
Les informations présentées ci-dessous résultent d'une synthèse de sources officielles :
- La page Facebook officielle de l'artiste: This and upcoming season,
- Le site officiel de Deutsche Grammophon: Rafał Blechacz On-tour,
- D'autres sources officielles: Nohant Festival, Liu Kotow, etc.
Concerts prévus en France :
- Vendredi 13 juin 2025 : Théâtre des Champs-Elysées, Paris – Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Mazurkas et Scherzo n° 1 Opus 20).
- Samedi 14 juin 2025 : Festival de Nohant 😍 (Domaine de George Sand, Indre) – Réservations ouvertes dès le 12 mars 2025. Récital Beethoven, Schubert, Chopin: Rafał Blechacz à Nohant
- 10 janvier 2025: Confirmation de la présence de Rafał Blechacz par le Nohant Festival Chopin dans sa vidéo de voeux (voir lien ci-dessus)
- Mercredi 17 septembre 2025 : Ajaccio, Corse – Récital de musique de chambre (lieu et programme à confirmer).
Pour rappel, M. Blechacz était à Paris le 6 mai 2024 pour un récital entièrement dédié à Chopin 💝
Tous les concerts :
- Avril 2025:
- 25 avril 2025
Royaume-Uni – Ely – Récital Schubert, Mozart et Chopin à la Cathédrale (Ely Cathedral)
- 27 avril 2025
Royaume-Uni – Londres – Westminster Cathedral Hall, récital Schubert, Beethoven, Chopin (Instytut Polski et Deutsche Grammophon)
- Mai 2025
- 20 mai 2025
Suisse – Lucerne – Concerto pour piano n° 1 de Chopin avec Alessio Allegrini et l'Orchestre des droits de l'homme (HRO) (kkl-luzern.ch)
- Juin 2025:
- 13 juin 2025
France – Paris – Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Théâtre des Champs-Elysées)
- 14 juin 2025
France – Nohant – Récital Beethoven, Schubert, Chopin: Rafał Blechacz à Nohant ( et Deutsche Grammophon)
- 18 juin 2025
Allemagne – Bochum – Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Deutsche Grammophon)
- 19 juin 2025
Turquie – Istanbul – Concerto avec Alan Gilbert et l’Orchestre NDR
- 20 juin 2025
Turquie – Ankara – Concerto avec Alan Gilbert et l’Orchestre NDR
- Juillet 2025
- 4 juillet 2025
Allemagne – Stolpe – Concerto pour piano n° 3 de Beethoven avec Kent Nagano et le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg (Deutsche Grammophon)
- 8 au 31 juillet 2025 🌏 Tournée asiatique avec Kent Nagano et le Staatsorchester Hamburg
- 15 juillet 2025
Taïwan – Taipei – Concerto avec Kent Nagano et le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg (opentix.life)
- Août 2025
- 31 août 2025
Roumanie - Bucarest - Concerto pour piano n° 1 de Chopin avec Mata Gardolinska et le Sinfonia Varsovia (Deutsche Grammophon)
- Septembre 2025
- 5 septembre 2025
Taïwan – Taipei – Récital (Bach Inspiration)
- ? 5 septembre 2025
Émirats Arabes Unis – Dubaï – Récital avec Bomsori (information du 13/09/2024 par R. Blechacz: This and upcoming season)
- 17 septembre 2025
France – Ajaccio, Corse – Récital de musique de chambre
- Octobre 2025
- 1er au 12 octobre 2025
Corée du Sud – Tournée en Corée du Sud – 4 concerts
- 26 octobre 2025
Allemagne - Dresde - Concerto pour piano n° 3 de Beethoven avec Kent Nagano et le Dresdner Philharmonie (Deutsche Grammophon)
- 29 octobre 2025
Italie – Rome – Récital
- Novembre 2025:
- 3 novembre 2025
Italie – Gênes – Récital
- 10 novembre 2025
Italie – Florence – Récital
- 14 novembre 2025
Pologne – Poznań – Récital avec Bomsori
- 24 novembre 2025
Espagne – Barcelone – Récital avec Bomsori
- 25 novembre 2025
Espagne – Valence – Récital avec Bomsori
- 27 novembre 2025
Espagne – Ténérife – Récital avec Bomsori
- Décembre 2025:
- 1er décembre 2025
Espagne – Alicante – Récital avec Bomsori
- 2 décembre 2025
Espagne – Madrid – Récital avec Bomsori
- 7 décembre 2025
Allemagne - Cologne - Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Deutsche Grammophon)
- Janvier 2026:
- 23 janvier 2026
Japon – Nagoya – récital (nagoyaclassic_f)
- Juin 2026
- 9 juin 2026
France – Paris – Récital Mozart, Beethoven, Chopin (Théâtre des Champs Elysées)
- 8 Avril 2025 Italie – Turin – Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Deutsche Grammophon)
- 10 mars 2025 Suisse – Zurich – Récital avec Bomsori: Mozart, Beethoven, Franck, Szymanowski (Deutsche Grammophon)
- 13 février 2025 Allemagne – Berlin – Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Deutsche Grammophon)
- 11 février 2025 Suisse – Genève – Récital Beethoven, Schubert, Chopin (Deutsche Grammophon)
- 29 janvier 2025 Espagne – Bilbao – Saint-Saëns, Piano Concerto no. 2, avec Łukasz Borowicz et l'Orchestre National Basque (Deutsche Grammophon)
- 28 janvier 2025 Espagne – Vitoria – Saint-Saëns, Piano Concerto no. 2, avec Łukasz Borowicz et l'Orchestre National Basque (Deutsche Grammophon)
- 27 janvier 2025 Espagne – Saint-Sébastien – Saint-Saëns, Piano Concerto no. 2, avec Łukasz Borowicz et l'Orchestre National Basque (Deutsche Grammophon)
- 24 janvier 2025 Espagne – Saint-Sébastien – Saint-Saëns, Piano Concerto no. 2, avec Łukasz Borowicz et l'Orchestre National Basque (Deutsche Grammophon)
- 20 janvier 2025 Pays-Bas – Amsterdam – Chopin, Piano Concerto no. 2 avec Mirga Gražinytė-Tyla et l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (Deutsche Grammophon)
- 15 janvier 2025 Lituanie – Vilnius – Chopin: Concerto pour piano n° 2 (Deutsche Grammophon): concert célébrant l’ouverture de la présidence polonaise du Conseil de l’Union Européenne (filharmonija.lt)
Dernières actualités
💫 Rafał Blechacz, artiste en résidence à Taïwan pour la Saison 2025/2026
Sources : Bureau polonais à Taipei (波蘭臺北辦事處) et Bach inspiration
Sources: Bach Inspiration et Liu Kotow
5 février 2025
Un premier concert se tiendra le 15 juillet 2025 à Taipei avec Kent Nagano et le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg, et le 5 septembre 2025, Rafał Blechacz donnera un récital dans la même ville.
Source: Bach Inspiration
Discographie
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Œuvres de Chopin enregistrées ou diffusées en ligne
Ballades
- n° 1 Opus 23 : 🎥 date et lieu non précisés (2011 probablement), 🎧 2011 à Fribourg (source fiable: R. Blechacz Radio),
- n° 3 Opus 47 : 🎥 2009 à Hambourg (📍montage comportant des coupures)
Barcarolle
- Opus 60 : 💿 2023, 🎥 Concours Chopin 2005
Concertos
- Opus 11 : 💿 2009 (I. Allegro maestoso, II. Romance – Larghetto, III. Rondo – Vivace), 🎥 Concours Chopin 2005: (I. Allegro maestoso, II. Romance – Larghetto, III. Rondo – Vivace)
- Opus 21 : 💿 2009 (I. Maestoso, II. Larghetto, III. Allegro vivace), 🎥 2023 à Lucerne (I. Maestoso, II. Larghetto, III. Allegro vivace), 🎥 2013 à Detroit
Études
- Opus 10 : n° 8 et n° 10 : 🎥 Concours Chopin 2005
Mazurkas
- Opus 6
- n° 1 : 🎥 2023 à Bad Kissingen
- Opus 17:
- n° 1 : 🎥 Concours Chopin 2005
- n° 2 : 🎥 2008 à Verbier, 🎧 2006 à Duszniki-Zdrój (source fiable: R. Blechacz Radio)
- n° 3 : 🎥 2009 à Hambourg
- n° 4 : 💿 2009, 🎥 concert en 2009 à Hambourg :⬇️
🎶 et le silence qui suit est encore de Chopin...🎶
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- Opus 24 :
- n° 1 : 💿 2021, 🎥 2018 (8 octobre) à La Fenice
- nos 2, 3 : 🎥 2018 (8 octobre) à La Fenice
- n° 4 : 🎥 2019 à Milan, 🎥 2018 (8 octobre) à La Fenice
- Opus 41 :
- n° 2 : 🎧 2011, lieu non précisé (source fiable: R. Blechacz Radio)
- n° 4 : 🎧 2011, lieu non précisé (source fiable: R. Blechacz Radio)
- n° 2 : 🎧 2011, lieu non précisé (source fiable: R. Blechacz Radio)
- Opus 50 :
- n° 1 : 💿 2007
- n° 3 : 🎥 2006 à Tokyo Opera City
- nos 1, 2 et 3 : 🎥 Tokyo sans précision de date (2012 ou antérieur), 🎥 2008 à Verbier
- Opus 56 :
- nos 1, 2, 3 : 🎥 Concours Chopin 2005
- Opus 63 :
- nos 1, 2, 3 : 🎧 2013 à Rheingau (source fiable: R. Blechacz Radio)
Nocturnes
- Opus posthume (Lento Con Gran Espressione) : 💿 2019 🎻 arrangement pour violon et piano, 🎧 2010 à Bruxelles, au piano solo (📍fiabilité de la source à confirmer: pioter2a)
- Opus 9
- n° 2 : 💿 2022 🎻 arrangement pour violon et piano
- Opus 32 :
- n° 1 : 🎧 1996, concert au Studio W. Lutosławski à Varsovie, à l'âge de 11 ans (source fiable: R. Blechacz Radio) 1
- n° 2 : 🎧 2013 à Rheingau (source fiable: R. Blechacz Radio)
- Opus 48
- n° 2 : 💿 2023 2
- Opus 62
- n° 1 : 💿 2007, 🎥 Concours Chopin 2005
- n° 2 : 💿 2007
Polonaises
- Opus 26 :
- n° 1 : 💿 2013, 🎥 Deutsche Grammophon
- n° 2 : 💿 2013
- Opus 40
- n° 1 : 💿 2013, 🎥 2014 à Gilmore, 🎥2013 Deutsche Grammophon (extrait)
- n° 2 : 💿 2013, 🎥 2014 à Gilmore
- Opus 44 : 💿 2013
- Opus 53 : 💿 2013, 💿 2005 (en récital), 🎥 chez Steinway à Hambourg en 2021 (extrait), 🎥 2019 à Milan, 🎥 2018 à La Fenice, 🎥 Concours Chopin 2005, 🎧 Concours Chopin 2005 (source fiable: Chopin Institute)
- Polonaise-Fantaisie Opus 61 : 💿 2013, 🎥 2009 à Hambourg
- Opus posthume en la bémol majeur : 🎥 1999, concert pour la télévision polonaise (à l'âge de 14 ans)
Préludes
- Opus 28:
- n° 1, n° 2, n° 3, n° 4 à 6 : 💿 2007
- n° 7 : 💿 2007, 💿 2024, 🎥 2024 Deutsche Grammophon , 🎥 Concours Chopin 2005 3
- nos 8 à 9 : 💿 2007, 🎥 Concours Chopin 2005
- nos 10 à 12 : 💿 2007, 🎥 Tokyo sans précision de date, 🎥 Concours Chopin 2005
- nos 13 à 15 : 💿 2007, 🎥 2007, enregistrement studio de l'album à Hambourg
- nos 16 à 19 : 💿 2007
- n° 20 : 💿 2007, 🎥 2007, enregistrement studio de l'album à Hambourg, 🎧 2014 à Gilmore (📍fiabilité de la source à confirmer: Red)
- nos 21 à 23 : 💿 2007
- n° 24 : 💿 2007,🎥 2007, enregistrement studio de l'album à Hambourg
- Opus 45 : 💿 2007
- Opus posthume : 💿 2007
Sonates
- Opus 35 (n° 2) : 💿 2023
- Opus 58 (n° 3) : 💿 2023, 🎥 IV. Finale – Presto non tanto, en 2022 à Berlin, 🎥 IV. Finale. Presto non tanto, extrait, en 2024 par Deutsche Grammophon, 🎥 II. Scherzo. Molto vivace – Trio en 2023 par Deutsche Grammophon, 🎥 Sonate complète : en 2009 à Tokyo, en 2008 à Verbier, et au Concours Chopin 2005
Scherzos
- Opus 20 (n° 1) : 🎧 Concours de Hamamatsu 2003 (source fiable: R. Blechacz Radio)
- Opus 39 (n° 3) : 🎧 2013 à Rheingau (source fiable: R. Blechacz Radio)
- Opus 54 (n° 4) : 🎥 Concours Chopin 2005
Valses
- Opus 34
- n° 2 : 🎥 2014 à Gilmore, 🎧 2006 à Duszniki-Zdrój (source fiable: R. Blechacz Radio)
- n° 3 : 🎧 2006 à Duszniki-Zdrój (source fiable: R. Blechacz Radio)
- Opus 64
- n° 1 : 🎥 2021 chez Steinway à Hambourg (extrait), 🎥 Concours 2005,
- n° 2 : 💿 2024, 🎥 2024 à Berlin (Tanzsaal) par Deutsche Grammophon, 🎥 2022 à Nohant, 🎥 2021 chez Steinway à Hambourg (extrait), 🎥 2019 à Milan, 🎥 2008 à Verbier, 🎥 Concours Chopin 2005
- n° 3 : 🎥 Concours Chopin 2005
Variations brillantes
- Opus 12 : 🎧 le 10/11/1998, concert à Varsovie, à l'âge de 13 ans (source fiable: R. Blechacz Radio)
1. Rafał Blechacz était élève en sixième année à l'école de musique de Bydgoszcz. C’était son premier enregistrement radiophonique, à l’occasion d’un concert donné par les gagnants des concours nationaux de musique. (YouTube: R. Blechacz Radio)
2. Rafał Blechacz le joue souvent en rappel (Corina Colbe, 2023)
3. Ce Prélude a été la première œuvre jouée par Rafał Blechacz au Concours Chopin 2005. Depuis, il le joue souvent en dernier rappel. (facebook.com/rafalblechacz/posts)
Ressources et communautés
Sites officiels
- Site Internet : blechacz.net
- Page Facebook : facebook.com/rafalblechacz
- Compte Instagram : instagram.com/rafalblechaczofficial
- Deutsche Grammophon : deutschegrammophon.com/de/kuenstler-innen/rafalblechacz
The Rafal Blechacz appreciation society
Playlist
Quelques photos
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Récital de Rafał Blechacz à Turin, le 8 avril 2025 (📸 Mattia Gaido / Pluriboll, Instagram) |
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Rafał Blechacz à l'église Sainte-Croix de Varsovie, où repose le cœur de Frédéric Chopin, le 07/02/2025 (📸 rafalblechaczofficial) |
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Concert de Rafał Blechacz à Vilnius, Lituanie, le 15 janvier 2025, à l'occasion du début de la Présidence polonaise du Conseil de l'Union Européenne (📸 Ambassade de la République de Pologne à Vilnius) |
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Récital de Rafał Blechacz à Beijing, le 23 octobre 2024 – lors de sa toute première tournée en Chine (📸 国家大剧院 National Centre For The Performing Arts) |
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Concert de Rafał Blechacz, le 3 octobre 2024, sous la direction d'Alan Gilbert, accompagné de l'Orchestre de la NDR de l'Elbphilharmonie , Usedomer Musikfestival, Seebad Ahlbeck, Allemagne (📸 Geert Maciejewski) |
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Autographe de Rafał Blechacz: "Thank you for being here and play the great music for the great audience" (concert du 27 septembre 2024, avec Katharina Wincor et le SWR Symphonie Orchester, à Villingen-Schwenningen, Allemagne, 📸 Kultur in VS, Franziskaner Konzerthaus, détail) |
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Récital de Rafał Blechacz le 11 janvier 2024 à Toruń, Pologne (📸 Katarzyna Cegielska, détail) |
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Récital de Rafał Blechacz à l'École Nationale de Musique de Pleszew, Pologne, en octobre 2022 (📸 Roman K. Urbaniak, détail) |
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"Juste un instant avant le concert de Rafał Blechacz avec le NOSPR de Katowice" , le 3 juin 2019, Bartek Barczyk (📸 @bartekbarczyk.art) |
L' Aube
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Rafał Blechacz à onze ans (📸 Centre Paderewski à Kąśna Dolna) |
Rafał Blechacz est né le 30 juin 1985 à Nakło nad Notecia, en Cujavie-Poméranie, dans le centre-nord de la Pologne. Il a commencé à jouer du piano à l'âge de cinq ans et a poursuivi ses études à l'école de musique d'État Arthur Rubinstein à Bydgoszcz, sous la direction du professeur Jacek Polański. En 2007, il a obtenu son diplôme d'études en piano à l'Académie de musique de Bydgoszcz, dans la classe de Katarzyna Popowa-Zydroń. Pendant ses années d'études, il a remporté de nombreux prix, dont le Premier Prix et le Grand Prix du XIIIe Concours National Jean Sebastian Bach à Gorzów Wielkopolski (1996), le 2e Prix du Ve Concours International des Jeunes Pianistes "Arthur Rubinstein in Memoriam" à Bydgoszcz (2002), le 2e Prix ex-aequo au Ve Concours International de Piano à Hamamatsu au Japon (en 2003, le 1er Prix n'ayant pas été décerné 1), avant de devenir lauréat du XVe Concours International de Piano Frédéric Chopin de Varsovie en 2005. 2 3
L' art de Rafał Blechacz en quelques mots
(Dernière mise à jour :15 février 2025)
Au fil des années, les critiques et journalistes ont cherché à saisir l’essence du jeu de Rafał Blechacz. Voici une sélection d’extraits d’articles de presse internationale, révélant les qualités singulières du pianiste.
Articles parus en français
"L’artiste conduit la poésie jusqu’à l’impalpable"
« Venu remplacer Murray Perahia souffrant, le jeune pianiste polonais a offert à Genève un récital éblouissant.
Depuis qu’il a raflé à 20 ans tous les prix du Concours Chopin de Varsovie en 2005, Rafal Blechacz mène une carrière discrète et sans faute. Remporter le prestigieux Gilmore Artist Award neuf ans plus tard n’est pas non plus monté à la tête du jeune Polonais. Le pianiste avance avec une rigueur, un sérieux et un perfectionnisme qui imposent le respect.
[…] Cette conscience aiguë de son art, Rafal Blechacz la traduit de la tête aux doigts. Attitude droite […], articulation précise, attaques imparables, sonorités et dynamiques finement variées: le pianiste maîtrise un jeu d’une absolue clarté.
– Une science stupéfiante du raffinement –
[…] un exemple d’équilibre et de classicisme tout à son image. […] Rafal Blechacz porte à son sommet une science stupéfiante du raffinement.
Comme un mathématicien, qui pousse sa discipline aux confins de la pensée, l’artiste conduit la poésie jusqu’à l’impalpable. Des touchers suspendus mais incarnés, des tempi lents mais toujours en mouvement, des lignes internes éclairées une à une dans une lumière d’ensemble ronde et tendre : tout est dans tout.
– Grand maître à venir –
[…] Rafal Blechacz peut tout jouer. Sa technique est brillante, sans aucune ostentation. Mais surtout, sa hauteur supérieure de jeu, son contrôle au milligramme de chaque note, son raffinement de coloriste, son génie narratif et sa palette de dynamiques, parfois dures mais toujours justes, en font déjà un maître. Un grand à venir. »
"Pureté et luminosité. Romantisme élégant sans préciosité"
Res Musica, Bertrand Saint-Etienne, 24 février 2018 🌏 (magazine international)« Pure et lumineuse, la partie Mozart s'inscrit dans des tons mineurs faisant surgir la dimension angoissée de l'œuvre. D'une apparente simplicité, le Rondo en la mineur (K. 511) est un modèle d'équilibre et de délicatesse : dans ces pages à l'écriture intimiste, la moindre brusquerie serait fatale. La maîtrise de Blechacz nous préserve de ce danger et nous installe dans un univers stylistique où perce déjà un certain romantisme, assumé avec élégance, mais sans préciosité. […]
[…] Dans les quatre Mazurkas de l'Opus 24 de Chopin, Blechacz est indéniablement chez lui, restituant avec noblesse et simplicité l'esprit paradoxal de cette musique populaire de salon. Après ces pièces délicates, la toute-puissante Polonaise « Héroïque », jouée parfois jusqu'à la caricature, à laquelle Blechacz parvient pourtant à donner une profondeur et une force d'évocation surprenantes, en l'arrachant à la loi de la pesanteur pour interpréter une incroyable danse bondissante aux accents guerriers. »
"Incroyable maturité de jeu, ...sensibilité bouillonnante fascinant par sa spontanéité et son évidence, ...art éblouissant"
Bachtrack, Constance Clara Guibert, 12 juin 2014 🌏 (site international)« Blechacz ne venait pas défendre que les mérites de la jeunesse, d’ailleurs, mais aussi, du haut de ses 28 ans, l’incroyable maturité de son jeu, qui ferait pâlir de jalousie plus d’un prodige, et qui fut largement récompensée lors du XVe Concours Chopin en 2005.
Il est vrai que c’est ce qui frappe dans le jeu de Rafał Blechacz. Une, cinq, dix idées musicales pour chaque note et, mieux encore, pour chaque silence — la sensibilité bouillonnante du Polonais fascine par sa spontanéité et son évidence. Ni contrastes saisissants, ni nuances grandiloquentes, ni rubatos attendus ou effets préparés : son interprétation semble relever d’une totale compréhension du discours musical, qu’on ose suivre les yeux fermés de Mozart à Chopin.
[…] Le Mozart de Blechacz nous séduit dès le premier instant. Il joue avec le piano, s’amuse avec les notes, rit avec les phrases, dessinant la mélodie, esquissant les contrastes, nous plongeant sans effort dans l’univers des salons viennois. Le génie attablé au piano déguste et dévore sa partition dans une fougueuse et insouciante liberté, rappelant furieusement l’Amadeus de Milos Forman.
[…] Associer Bach et Chopin, pourquoi n’y a-t-on pensé plus tôt ? On y a pensé plus tôt, c’est d’ailleurs Chopin lui-même qui ne manquait jamais de jouer les Préludes et Fugues avant ses concerts. Simplicité du discours, sobriété déclamatoire, refus de la surenchère : les Partitas ne sont pas si éloignées des Nocturnes, des Préludes, des Valses et des Mazurkas. [...] Ce Bach intime et serein semble évident, tant le toucher et le dessin mélodique se complètent dans une juste intelligence.
Et c’est avec aisance que Rafał Blechacz enchaîne rapidement avec Chopin : la Polonaise Militaire d’abord, puis celle qui lui succède dans l’Opus 40. Nous doutions déjà, dans Bach, que ce fût sur scène le même pianiste que celui qui folâtrait avec gaieté dans les ornements mozartiens. Avec les premières notes de la Polonaise, il est clair que c’est un autre homme : il possède le piano, fait corps avec l’instrument et la musique elle-même. Incompréhensibilité du génie : son interprétation s’impose d’elle-même dans chacun de ses aspects, et le mystère ne pourra être percé. Les reprises sont parfois piano, parfois forte ; les modulations sont parfois amenées par un rubato, parfois non ; les changements de caractère sont parfois accompagnés d’un changement de nuance, parfois non – inutile d’en chercher la raison : c’est la musique. Le son est plein et puissant mais sait se faire fin, lointain et doux. Même rondeur de timbre et précision de toucher dans le charmant Nocturne qui suit : pas de pianissimos réconfortants ni de contrastes subits, rien que la longue ligne que Rafał Blechacz maintient au sommet de son expression.
[…] et l’on est bien heureux que […] l’art éblouissant du pianiste polonais soit salué partout sur son passage, à la barbe des automates qui gagnent parfois les concours et les cœurs. »
"Polonais, Rafał Blechacz joue Chopin à la polonaise, sans maniérisme ni affectation"
« Rafal Blechacz est arrivé sur le plateau comme s'il était un peu en retard au rendez-vous. Il s'est à peine incliné devant le public et a très vite attaqué la Partita n° 3 en la mineur BWV 827, de Bach. Attaquer n'est pas le mot : le piano de Rafal Blechacz, pour incisif qu'il puisse être, n'a rien d'un clavier prédateur. C'est un piano qui cultive dans Bach un toucher de clavecin, une fluidité à la pointe sèche, un velours ras. Son discours est précis, raffiné. Il tisse des liens entre une forte présence harmonique et les fils tendus de la mélodie. Un art du canevas polyphonique. [...]
– Polonais, Rafal Blechacz joue Chopin à la polonaise –
Ballade n° 1 Op. 23, Polonaises Op. 26 n° 1 et n° 2 : Rafal Blechacz est au pays dès après l'entracte. Il joue Chopin tel que les Polonais le comprennent : sans maniérisme ni affectation, mais aussi sans exploit athlétique. Défilent des poids, des mesures, des paysages, des intentions. Une mosaïque de couleurs ciselées […] »
"Il prône le naturel et la juste mesure...Un coeur pur au piano, en nuances subtiles et racées"
Le Temps, Julian Sykes, 6 mars 2008« – Rafal Blechacz à Fribourg. Un cœur pur au piano –
Rare. Enthousiasmant. Rafal Blechacz a fait forte impression, mardi soir, à l'Aula de l'Université de Fribourg [...]. A 22 ans, ce pianiste polonais, vainqueur du Concours Chopin de Varsovie en 2005, s'avère infiniment plus musicien que nombre de collègues, dont les surmédiatisés Lang Lang et Hélène Grimaud.
C'est un garçon simple, sans prétention. Il vient d'une bourgade au centre-nord de la Pologne. [...]
Rafal Blechacz n'a rien d'une bête de scène. Il joue sans manières, prône le naturel et la juste mesure. Pressenti comme «le» nouvel interprète de Chopin, il pourrait bien être un authentique mozartien.
[…] Rafal Blechacz restitue aux Préludes de Chopin leurs mille facettes, capable d'envolées que l'on peut déceler dans son disque, mais qui se manifestent encore davantage en concert. Un cœur pur parle, en nuances subtiles et racées. »
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Récital de Rafal Blechacz au Théatre des Champs-Elysées à Paris, le 6 mai 2024 (📸 Damian Gruszczyński) |
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"Son Chopin sonne ainsi souvent agréablement dépouillé, mais vibrant et, lorsque cela s’impose, impétueux et incisif."
« [...] Lorsqu’il joue Chopin, jamais il ne cherche à en extraire une dimension trop mondaine ; sous ses doigts, cette musique ne sonne pas comme une poésie doucereuse. Blechacz en dévoile l’élégance fragile, ses angles et ses aspérités dans un espace restreint. Là où certains de ses collègues tentent d’expliquer Chopin à l’aide de la pédale, Blechacz fait preuve de retenue avec son pied droit. Son Chopin sonne ainsi souvent agréablement dépouillé, mais vibrant et, lorsque cela s’impose, impétueux et incisif. »
"Là où les mots s'arrêtent, la musique commence... "
澎湃新闻 (The Paper News), Pékin, 28 octobre 2024« […] Rafał Blechacz entre en scène sous le regard attentif de tous, avec une allure pâle, élégante et sans artifice. C’est sa première représentation en Chine, donnée dans le cadre de la 23ᵉ édition du Festival international des arts de Shanghai. […] Certains amateurs de musique classique, remplis de tendresse, considèrent qu’il ressemble étrangement à Chopin. Comment ne pas faire le parallèle ? Avec ses cheveux bouclés, ses yeux profonds et captivants, son sourire constant et ses doigts longs et fins, la ressemblance est frappante. On raconte que la technique unique de jeu de Chopin est née de sa silhouette élancée et de sa solide structure osseuse. Tout semble ainsi boucler la boucle. […]
"Se préparer à l'enchantement"
Blechacz s’assoit, les pans de son habit de concert tombant derrière lui. Face au piano, il reste silencieux un instant — lors de ses précédents concerts, il sortait souvent un mouchoir de la poche de sa veste et, doucement et rapidement, passait le tissu sur les touches, comme s’il caressait la joue d’un être cher avec une plume. Ce geste est devenu sa signature […]. En réalité, le clavier n’a pas besoin d’être dépoussiéré ; c’est plutôt une façon de se concentrer, de se préparer à l’enchantement. […] »
Conversations avec Rafał Blechacz
💫 LRT.lt (radio et télévision nationales lituaniennes), Renata Dunajewska, 15 janvier 2025
"L'information que j'ai reçu le Prix spécial du public n'est pas donnée très souvent. Et c'est aussi un prix très précieux pour moi"
Oui, c’est vrai. Premier prix. Le deuxième prix n’a pas été décerné. Et il y a un certain nombre de ces prix, tout aussi importants et très appréciés par les pianistes, à savoir le prix de la meilleure interprétation des Mazurkas, de la Polonaise, du Concerto pour piano avec orchestre de Chopin. Et un prix très important financé par Krystian Zimerman pour la meilleure interprétation d’une Sonate. Mais peut-être que l’information que j’ai reçu le Prix spécial du public n’est pas donnée très souvent. Et c’est aussi un prix très précieux pour moi.
J’ai reçu la médaille d’or du concours. Cependant, ce dont vous parlez, c’est d’une couronne de laurier argenté. C’était aussi un beau moment pour moi, parce que pendant la période communiste cette couronne de laurier n’était pas décernée, parce qu’il y a une invocation qui fait référence à Dieu : « Que Dieu te bénisse dans ta carrière artistique ». Et les autorités l’ont interdit, mais en 2000, cette tradition a été rétablie. Et j’ai eu beaucoup de chance qu’en 2005, une telle couronne soit remise au gagnant. Et je l’ai eu et je l’ai à la maison à ce jour. C’est un souvenir très précieux.
"Lorsque j'ai reçu le prix Gilmore en 2014, j'ai acheté le plus grand Steinway de concert, et deux claviers supplémentaires, avec lesquels je vais parfois à des concerts."
Lors de votre première visite à Vilnius en 2007, vous m’avez dit que vous aviez reçu un piano en cadeau.
Avec les pianos, c’était effectivement un peu compliqué, mais je rencontrais toujours des gens qui m’aidaient. Quand je me préparais pour le concours de piano au Japon, à Hamamatsu, c’était en 2003, je n’avais qu’un piano droit à la maison. Le répertoire était assez exigeant, alors un piano à queue a commencé à me manquer. Yamaha m’a alors prêté un piano à queue pour trois mois, ce qui m’a beaucoup aidé.
Plus tard, après avoir remporté ce concours, je me suis acheté un piano à queue, mais pas encore un modèle de concert. Cependant, après le Concours Chopin, la société PKN Orlen, qui a sponsorisé le Concours Chopin, a financé une sorte de bourse ou de prix pour le meilleur Polonais du concours. Et les fonds que j’ai reçus ont servi à acheter un piano Steinway, modèle B. Un très bel instrument, dont je joue encore aujourd’hui. Cependant, lorsque j’ai reçu le prix américain Gilmore piano en 2014, j’ai acheté le plus grand Steinway de concert avec ces fonds, et deux claviers supplémentaires, avec lesquels je vais parfois à des concerts. [...]
"Une œuvre inhabituelle de Frédéric Chopin est la Polonaise-Fantaisie Opus 61. C’est une oeuvre cosmique pour moi."
Avez-vous une pièce préférée de Chopin ?
Lorsqu’il s’agit de ces souvenirs du Concours Chopin, le Concerto pour piano [en mi mineur] est probablement le plus important. D’autre part, pour moi, une œuvre inhabituelle de Frédéric Chopin est la Polonaise-Fantaisie Opus 61. C’est une oeuvre cosmique pour moi.
Quand j’ai commencé à la jouer après le Concours Chopin, j’y revenais de temps en temps très volontiers, et à chaque fois quelque chose de différent apparaissait, au niveau de la polyphonie, parfois de l’harmonie, à laquelle je n’aurais peut-être pas prêté autant d’attention auparavant; je trouve quelque chose d’intéressant, et cela me pousse toujours à regarder l’œuvre d’une manière légèrement différente, avec une interprétation un peu différente. Elle se développe donc tout le temps.
"Maintenant, [...], je dois jouer davantage – environ six heures par jour.
[...] Combien d’heures par jour passez-vous à jouer de votre instrument ?
Pendant mon enfance, je jouais consciencieusement environ trois heures par jour. Maintenant, comme j’enregistre beaucoup et que j’ai un répertoire immense à entretenir pour que mes doigts ne l’oublient pas, je dois jouer davantage – environ six heures par jour. Beaucoup ? Eh bien, ce sont simplement mes heures de travail, comme pour toute autre personne qui travaille. Lorsque je voyage ou que je donne des concerts, je passe moins de temps au piano, car avant de monter sur scène, je veux préserver ma fraîcheur. [...]
"Je suis très honoré de pouvoir faire cette "substitution posthume" de Maurizio Pollini"
[...] Nous nous approchons doucement de votre récital à Milan. [...] Il s'agit d'un concert unique dédié au grand pianiste récemment décédé, Maurizio Pollini. Quelles émotions accompagnent une telle occasion ? [...]
« [...] La seconde partie du concert est entièrement dédiée à Chopin, car Maurizio Pollini était un grand interprète de sa musique, en plus d'être le lauréat du Concours Chopin [en 1960, ndlr]. Ce choix me semble plus que naturel. Je me sens extrêmement honoré de pouvoir effectuer cette "substitution posthume" à M. Pollini. Je suis très heureux et fier de pouvoir jouer ce concert.
"Les artistes peuvent jouer un rôle important pour éveiller l'intérêt des gens envers la musique"
Je ne sais pas si vous serez d'accord pour dire que la musique "savante" traverse actuellement une certaine crise. Vous avez déjà évoqué l'importance du public, mais c'est justement le public, et en particulier les plus jeunes, qui semble moins intéressé par le répertoire classique au profit de la production commerciale. Craignez-vous que cette crise s'aggrave ? [...]
En ce qui concerne la crise, je pense qu'elle dépend de la partie du monde où l'on se trouve. Par exemple, lorsque je joue en Asie, au Japon ou en Corée, je suis toujours très surpris de voir combien de jeunes assistent aux concerts. Je serai bientôt en Chine, et j'ai entendu dire qu'il y a là-bas un énorme intérêt pour la musique classique. [...] En ce qui concerne l'Europe, dans certains endroits, je vois très peu de jeunes. Cependant, je crois que cela dépend aussi d'une certaine approche de l'éducation musicale. Je pense que les artistes peuvent jouer un rôle important à cet égard, pour éveiller l'intérêt des gens envers la musique.
Ces dernières années, j'ai commencé à donner des conférences sur la musique. J'ai décidé de donner des concerts dans les écoles de mon pays, dans les petites villes, afin qu'en jouant un répertoire spécifique, je puisse aussi en parler et que les jeunes puissent connaître la musique de manière plus approfondie. [...]
"Ce qui est fondamental dans la musique : l'idée de partager la beauté avec les autres"
Il est également très important de sélectionner les bonnes personnes qui, d'une certaine manière, "gèrent" la carrière, car nous savons que nous, les artistes, ne pouvons pas nous occuper de tous les détails. Il est évident qu'il faut organiser des concerts, et confier cette tâche à quelqu'un. Et c'est agréable de trouver les bonnes personnes qui ont aussi une passion pour la musique, car ainsi nous évitons diverses difficultés, y compris les dangers de la commercialisation. Il est bien connu que la promotion des concerts d'un artiste est indispensable dans le monde moderne et dans les médias modernes, mais cela ne devrait jamais occulter ce qui est fondamental dans la musique : le message artistique, l'idée de partager la beauté avec les autres. Pour cette raison, il faut veiller à ne pas perdre cet amour, et à prendre soin en permanence du développement de sa propre personnalité. »

"Ces concerts en espaces plus petits et intimes donnent la sensation d’une plus grande proximité avec le public. On peut mieux imaginer ce que ressentait par exemple Chopin"
[...] L’artiste a donné des concerts en Basse-Silésie [Pologne], dans des lieux où l’on entend rarement des artistes de cette envergure. Rafał Blechacz s’est produit aussi bien dans des stations thermales renommées que dans des salles communales. Comme il l’a souligné, ce fut une expérience extraordinaire pour lui.
« Au quotidien, je joue dans de grandes salles de concert, mais ces concerts en espaces plus petits et intimes donnent la sensation d’une plus grande proximité avec le public. On peut mieux imaginer ce que ressentait par exemple Chopin, jouant dans des concerts si intimes, entouré de spectateurs qui étaient assis tout près de lui et admiraient son jeu.
"Une attention totale, un respect, une envie de comprendre cette musique et de s’immerger dans l’univers que je créais à ce moment-là"
Ce cycle de concerts intimistes dans de petites localités est, selon le pianiste, un projet très important, car de nombreuses personnes ont l’opportunité d’assister pour la première fois à de la musique classique en direct. [...] Rafał Blechacz a souligné que, bien qu’il ait joué dans de petites villes de Basse-Silésie [notamment à Polanica et à Szczawno-Zdrój], le public qui est venu à ses concerts savait parfaitement comment se comporter.
Il n’y a pas eu d’applaudissements entre les mouvements de la sonate, ce qui est remarquable et louable, car parfois même au Musikverein de Vienne, j’ai entendu des applaudissements après le premier mouvement du Concerto de Beethoven. Ici, en revanche, il y avait une attention totale, un respect, une envie de comprendre cette musique et de s’immerger dans l’univers que je créais à ce moment-là." [...] »
"Une interprétation d'une œuvre donnée ne révèle pas toute sa profondeur, toute sa richesse. Il faut plus de temps pour en expérimenter toute la beauté et la partager"
Après de nombreuses années d’une carrière de rêve, vous vous êtes demandé quels sentiments suscite en vous l'interprétation du Concerto de Chopin ?
« Cela suscite toujours de très grandes émotions. Les Concertos en mi mineur et en fa mineur m'accompagnent tout au long de ma vie. Bien sûr, il y a des périodes où je m'éloigne de ce répertoire – alors je joue d'autres œuvres, mais ces retours sont toujours des moments magnifiques. Je me rends compte, bien qu'il semble que je connaisse très bien ces œuvres, que, de temps en temps, je découvre de nouveaux détails que j'aimerais partager lors des concerts suivants. Et c'est beau, car cela me rappelle à quel point nous avons affaire à un génie immense en la personne de Chopin. Une interprétation d'une œuvre donnée ne révèle pas toute sa profondeur, toute sa richesse. Il faut plus de temps pour en expérimenter toute la beauté et la partager.
"Lorsque nous entendons une œuvre de Chopin, même une personne qui n'est pas fortement liée à la musique classique peut immédiatement dire : oui, c'est Chopin"
Qu'est-ce que la musique de Chopin représente pour vous, qu'est-ce qui vous touche chez lui ?
Je me suis un jour demandé comment définir ce style unique de Chopin. Il y a quelque chose de particulier : lorsque nous entendons une œuvre de Chopin, même une personne qui n'est pas fortement liée à la musique classique peut immédiatement dire : oui, c'est Chopin. C'est cette combinaison exceptionnelle d'harmonie et de mélodie, d'une manière extrêmement poétique. C'est peut-être cette poésie chez Chopin qui ressort immédiatement et nous touche profondément. Je suis aussi conscient que Chopin a été fortement inspiré par la musique folklorique et la musique opératique, les belles lignes mélodiques du bel canto, les influences de l'opéra de Mozart. Mais effectivement, Frédéric Chopin a créé son propre style absolument unique, qui ne nécessite peut-être pas vraiment de définition, mais qui doit simplement nous émerveiller. Je suis heureux de pouvoir, après le Concours Chopin, partager sa musique avec le monde entier.
"En ce qui concerne la musique de Chopin, son style est une sorte de sacralité qu'on ne doit pas détruire"
Cela signifie-t-il que vos interprétations des œuvres varient à chaque fois pendant les préparatifs d'un concert ?
[…] Il est essentiel de respecter le style du compositeur, de préserver le style de Chopin, afin de ne pas se perdre dans ce que certains appellent la "liberté artistique", mais de toujours garder le compositeur et ses intentions au premier plan. On peut, dans ce cadre, exprimer ses émotions, mais en ce qui concerne la musique de Chopin, son style est une sorte de sacralité qu'on ne doit pas détruire.
[...] votre approche de certaines œuvres change-t-elle et évolue-t-elle à chaque étape de votre vie ?
C'est une évolution, un développement. […] C’est une belle histoire, nous pouvons l’enrichir de nouvelles expériences qui ont eu lieu dans notre vie et qui nous enrichissent émotionnellement. […]
Est-ce que votre doctorat en philosophie a influencé votre approche de certaines œuvres, et dans quelle mesure la musique et la philosophie sont-elles liées pour vous ?
Cela se connecte assez fortement, surtout si vous traitez d’un domaine aussi spécial que la philosophie de la musique. C’est une sorte de point de rencontre à la frontière de la musicologie et de la philosophie. Il y a beaucoup de publications intéressantes, de livres de différentes périodes, qui traitent de la musique d’un point de vue philosophique, d’une expérience esthétique. Nous avons également d’excellents philosophes polonais qui traitent de ces sujets – par exemple, Roman Ingarden ou des textes de Zofia Lissa. […] Mais ma première fascination a été la philosophie en général, l’histoire de la philosophie. Cela a commencé avec l’Antiquité et cet intérêt a été grandement influencé par mon professeur de polonais au lycée, qui a donné un aperçu philosophique très riche de l’époque dont nous discutions pratiquement dans chaque cours de langue polonaise. Cela m’a rendu très curieux et j’ai voulu développer cet intérêt. Ensuite, il y a eu des concours, le Concours Chopin, des concerts, et ce n’est qu’après un certain temps, en 2009, 2010, que j’ai pu approfondir un peu plus [...].
"Le public prend aussi une part active dans la création de l'interprétation qui existe à ce moment-là, ici et maintenant"
Pensez-vous que la philosophie pourrait aider de nombreux musiciens à comprendre l’ensemble du processus de création d’œuvres données ? Comment vous a-t-elle aidé ?
[…] Chaque personne arrive à un moment de sa vie où elle pose des questions plus profondes : d'où venons-nous, où allons-nous, des questions sur notre existence, donc, d'une certaine manière, c'est inévitable. [...] Le texte sur l'expérience esthétique m'a fait prendre conscience que le public prend aussi une part active dans la création de l'interprétation qui existe à ce moment-là, ici et maintenant – ce sont des choses importantes.
Compte tenu des divers niveaux de culture dans le monde, quel public vous surprend le plus ? Quelles réactions du public vous ont le plus étonné jusqu'à présent ? [...]
[...] Chaque public est unique dans un pays donné. Par exemple, le public allemand est assez concentré ; il faut le convaincre avec ses interprétations. C'est un public raffiné, mais une fois convaincu, il peut réagir avec un enthousiasme exceptionnel, récompensant généreusement un concert ou un artiste. Le public néerlandais est un peu plus chaleureux que le public allemand, bien qu'il puisse aussi y avoir des surprises. Ils font volontiers des standing ovations, parfois même en plein concert. Le public italien, quant à lui, est très vif, parfois même pendant l'interprétation. Ils peuvent applaudir ou crier "bravo", un peu comme à l'opéra après une aria. Une fois, j'ai été surpris par une situation où je n'avais même pas terminé une pièce – il y avait un silence prolongé, et les applaudissements ont éclaté. C'était dans un théâtre à Bari, il y a quelques années. [...]
En novembre dernier, vous avez été juré au concours Paderewski. Comment votre expérience dans divers concours a-t-elle influencé votre évaluation de vos pairs ?
C'était ma première expérience de ce genre. Je pense que pour l'instant, je ne vais pas poursuivre dans cette voie. Il est très difficile de juger, de comparer les interprétations, d'évaluer ses collègues. Ce n'est pas un chemin que je veux suivre. Bien sûr, les concours sont nécessaires et offrent des opportunités de carrière aux jeunes artistes, mais je ne suis pas forcément la personne qui doit évaluer mes pairs (rires). [...]
"Certains me demandent si je voudrais enregistrer un album regroupant toutes les œuvres de Chopin. Peut-être que oui... Je réfléchis sérieusement à enregistrer l'intégralité des Mazurkas"
Pouvez-vous nous dévoiler vos projets pour l'avenir de votre carrière musicale ?
J'ai des projets pour enregistrer un nouvel album avec un orchestre, car jusqu'à présent, je n'ai enregistré qu'un seul album de ce type, avec les Concertos de Chopin. Je me suis surtout concentré sur des œuvres pour piano solo. Maintenant, je voudrais réaliser un second enregistrement avec orchestre, comprenant des Concertos de Beethoven et Mozart. Certains me demandent si je voudrais enregistrer un album regroupant toutes les œuvres de Chopin. Peut-être que oui. Récemment, j'ai enregistré deux Sonates, et je réfléchis sérieusement à enregistrer l'intégralité des Mazurkas de Chopin. Ce serait un projet de grande envergure, donc j'ai beaucoup, beaucoup de projets (rires).
Qu'aimez-vous faire et qu'est-ce qui nourrit votre inspiration ?
Les voyages. Bien que, dans le cadre professionnel – même si pour moi, la musique est bien plus qu'une simple profession – il n'est pas toujours possible de profiter des voyages, car on est très concentré sur la musique et sur la performance. Mais parfois, il y a des opportunités, comme aujourd'hui ou lors de précédents séjours au Japon, où l'on a deux ou trois jours après un concert dans des lieux fascinants comme Athènes. Dans ces moments-là, on peut apprécier la vie et trouver de l'inspiration dans d'autres formes d'art.»

"Quand j’ai appris le Nocturne en si majeur de Chopin, j’ai réalisé que je préférais être pianiste plutôt qu’organiste"
[...] Quand avez-vous joué la première pièce de Chopin ?
« J’avais 10 ans. En 1996, j’ai participé à un concours de piano pour enfants à Gorzów et là, le Nocturne était la pièce obligatoire – je l’ai préparé pour la première étape. [...]
Quand j’ai appris le Nocturne en si majeur [Opus 32 n°1], j’ai réalisé que je préférais être pianiste plutôt qu’organiste. [ce qui était son rêve d'enfant; voir également l'entretien avec Damian Gruszczyński du 28 janvier 2023] [...]
"La musique de Chopin est une combinaison unique de poésie et d’harmonie. Avec lui, tout est équilibré"
Votre prochain album avec des œuvres de Chopin enregistrées pour Deutsche Grammophon vient de sortir. Qu’est-ce qui vous captive dans sa musique ?
Pour moi, c’est une combinaison unique de poésie et d’harmonie. Avec lui, tout est équilibré – rythme, couleur, dynamique. Rien ne prévaut, tout fonctionne ensemble dans des proportions telles que tout changement perturberait la structure. Comme dans le livre de Bach – changer une note gâcherait tout. Cela rend la musique de Chopin parfaite. Mathématique, mais aussi poétique. C’est peut-être pour cela qu’il est si attrayant et reconnaissable. Même pour quelqu’un qui n’est pas familier avec la musique classique. C’est probablement le plus grand génie de ce compositeur.
"Quand j’ai commencé à jouer plus de Chopin, j’ai réalisé que c’était le langage le plus approprié, grâce auquel je pouvais probablement m’exprimer pleinement"
Est-il votre créateur préféré ?
Maintenant, oui, même si je n’en étais pas conscient depuis le début. J’ai commencé par Bach, puis il y a eu l’époque de Mozart, Beethoven et Haydn, mais quand j’ai commencé à jouer plus de Chopin, j’ai réalisé que c’était le langage le plus approprié, grâce auquel je pouvais probablement m’exprimer pleinement. Et il en est ainsi à ce jour. [...]
"Je me rappelle la finale, mon dernier passage et les applaudissements qui ont éclaté avant même que l'orchestre ait terminé. Des moments magnifiques."
L’expérience d'un concours est-elle si marquante que vous vous en souvenez constamment ? Ou peut-être préfèrez vous ne pas y penser ?
Aujourd’hui, lorsqu’un pianiste joue les deux dernières pages du Concerto en mi mineur de Chopin, je me rappelle la finale, mon dernier passage et les applaudissements qui ont éclaté avant même que l'orchestre ait terminé. Des moments magnifiques. Je ne veux pas m'en éloigner, je préfère les garder dans mon cœur.»
💫 Luzerner Zeitung (Journal de Lucerne), Corina Kolbe, 29 mars 2023
"Chopin est devenu une sorte de compagnon de vie pour moi. Dans sa musique, je suis complètement moi-même."
[…] Le fait qu’il cherche inlassablement des vérités plus profondes semble tout aussi inhabituel à notre époque trépidante que son cercle constant autour d’une étoile fixe musicale.
« Chopin est devenu une sorte de compagnon de vie pour moi », admet-il. « Dans sa musique, je suis complètement moi-même. »
[...] Sur le CD ["Chopin", mars 2023], Blechacz combine cette sonate avec le Nocturne Op. 48/2, qu’il joue souvent en rappel en concert.
Chopin nous offre un large éventail d’états émotionnels très différents – mélancolie, tristesse, joie, énergie exubérante. [...] L’opéra a toujours été une source d’inspiration pour Chopin, et je veux que cela soit clair dans mon jeu. »
💫 Rzeczpospolita (République), Jacek Marczyński, 2 mars 2023
" J’ai senti que quelque chose de magique et de profond avait été créé"
[...] Ce genre d’expérience [métaphysique] est probablement plus facile à réaliser dans l’atmosphère d’une salle de concert, lorsque vous n’avez plus l’impression que jouer est un travail physique, et que vous et le public êtes complètement submergés par la musique.
« Cela arrive, mais cela ne peut pas être planifié. Le silence joue également un rôle très important. Une fois, à Hambourg, j’ai joué les Mazurkas Op. 17. Dans la dernière, l’accord final pianissimo se transforme en silence. C’était tellement long que j’ai eu l’impression qu’il appartenait à la chanson. J’ai senti que quelque chose de magique et de profond avait été créé. [...]»

"Pour être chopiniste, il faut avant tout écouter attentivement son coeur"
« Je ne peux pas imaginer le monde, je ne peux pas imaginer la vie sans la musique de Chopin, sans le piano et en général sans musique. Ce serait un cauchemar.
Pour être chopiniste, il faut avant tout écouter attentivement son coeur, et cela vous mènera dans la musique de Chopin. Maintenant, tous ces endroits, Paris, Żelazowa Wola, Brochów...etc, valent évidemment la peine d’être visités. Je pense qu’il est naturel que tous ceux qui interprètent Chopin et aiment cette musique aient envie de visiter ces lieux. Ils sont une inspiration particulière. Elargir vos connaissances sur un style particulier, un compositeur particulier, tout cela est certainement très important, très utile. Pourtant, vous devez écouter votre coeur, cette intuition, car elle offre de bons indices. […] Mon intuition a ensuite trouvé confirmation dans une lettre de Chopin que j’ai lue, ou dans un article musicologique, ou ailleurs. C’est pourquoi je crois que c’est le chemin de base, la clé fondamentale pour construire cette interprétation individuelle, mais dans l’esprit du compositeur. Cette intuition particulière, le coeur, être naturel, être sincère dans tout cela. Emotionnellement sincère, évidemment. […]
"J’aime la musique de Frédéric Chopin, sa silhouette, sa personnalité"
J’aime la musique de Frédéric Chopin, sa silhouette, sa personnalité, que l’on peut peut-être le plus fidèlement glaner dans son art, ses œuvres, sa façon belle et spécifique de tisser les sons que je trouve si proches. J’ai toujours ressenti une aura d’exception lorsque je me suis tourné vers les œuvres de Chopin.
J’ai simplement senti que cette musique me tenait à coeur et à ma personnalité. Je crois que le concours Chopin de 2005 l’a prouvé, et laissez-moi vous dire que je serai un être humain parfaitement heureux, un artiste heureux, si cette aventure avec Frédéric Chopin se déroule d’une manière aussi extraordinaire, et si j’ai l’honneur d’interpréter ses morceaux et partager la beauté de sa musique jusqu’à la fin de mes jours.»
Rafał Blechacz interprète le Concerto pour piano n° 2 en fa mineur, Op. 21, sous la direction d'Iván Fischer, accompagné de l'Orchestre du Festival de Lucerne, début 2023 (extrait du II. Larghetto). Vidéo de Stage+ avec les crédits de Liu Kotow et Deutsche Grammophon

"Dans mon travail d'interprétation, il n'y a jamais eu de calcul, tout se passe naturellement"
Qu'est-ce que la musique selon Rafał Blechacz?
« [...] Dans mon travail d'interprétation, il n'y a jamais eu de calcul, tout se passe naturellement. En particulier avec Chopin, j'ai toujours ressenti que c'était ma musique, que je m'y trouvais comme chez moi. Il y a des jours où je me sens plus classique dans Chopin, et d'autres où je navigue de manière romantique.
Ne pensez-vous pas qu'en Pologne, on a fait du tort à la musique de Chopin en répétant depuis des décennies, comme Gombrowicz, "que Chopin était un grand compositeur"?
Vous voulez dire en faisant de lui un monument par définition, sans nécessairement approfondir sa musique?
Exactement.
Il y a de ça [...]. Je pense que c'est aussi un problème d'éducation musicale dans notre pays, qui est insuffisante, pour le dire gentiment, voire inexistante. Il faut s'émerveiller de la musique elle-même, mais aussi apprendre certaines choses. [...] Si nous n'avons pas certaines bases, nous ne pourrons pas vraiment l'apprécier et la comprendre pleinement. […]»

"Je rêvais de devenir organiste"
A quel âge avez-vous commencé ?
« J'avais environ 4 ou 5 ans. Chez mes parents, il y avait un piano allemand fabriqué par Sommerfeld. J’ai imaginé ce piano comme une sorte d’orgue d’église, d'orgue à tuyaux. Mes premières fascinations musicales ont été sans rapport avec le piano à queue, mais l’orgue à l’église. Je rêvais de devenir organiste, mais cela n'a pas pu se concrétiser... (rires).J’ai commencé à apprendre le piano au centre de musique à Nakło, où je suis né. Ensuite, j'ai poursuivi ma formation à l'école de musique professionnelle de Bydgoszcz.Le piano et la musique de Bach étaient au centre de mon apprentissage. Bach a joué un rôle de pont entre la musique d’orgue et le piano. Notre éducation musicale commence par Bach. Et c’est une bonne chose que j’aie commencé avec Bach, car mon amour de la musique pour piano s’est intensifié, semaine après semaine.Et quand j’ai commencé à chercher les pièces de Frédéric Chopin, la première composition que j’ai interprétée était le Nocturne Opus 32 [en si majeur, n° 1], et j’avais envie de développer encore davantage cette tendance Chopin. Plus tard j’ai décidé que c’était ma véritable manière de décrire et de raconter la beauté de la musique avec des sons.[…] Jouer de l’orgue a grandement enrichi mon sens du legato.[...]
J’aimerais également mentionner Arthur Rubinstein
Le patron de mon école à Bydgoszcz.
Et vous avez remporté le 2e Prix au Concours de piano Arthur Rubinstein in Memoriam en 2002.
Oui en 2002. Et au Concours international de piano de Hamamatsu en 2003, le premier prix n’a pas été décerné. J’ai eu un ex aequo. Il y a eu deux deuxièmes prix et il m’a été attribué avec le pianiste russe Alexandre Kobryn. […] C’est à ce moment-là que j’ai eu ma première grande compétition internationale, ma première visite au Japon, beaucoup de nouvelles expériences. Et ce fut pour moi une compétition heureuse. Les concurrents étaient très forts et le répertoire immense. Il y avait quatre étapes. Le concours a duré plus de trois semaines, j’avais donc ce sens du devoir et du travail bien fait.
"C’est bien plus qu’un travail ou une profession. D’une certaine manière c’est une sorte de mission"
C’est ce que je voulais demander : à quoi ressemble l’enfance d’une personne qui accomplit tant de choses ? Parce que la perception générale est que cela est lourd de corvées.
Je n’aime pas le mot corvée. C’est du travail. Travail systématique. […] Et pour moi, c’est bien plus qu’un travail ou une profession. D’une certaine manière c’est une sorte de mission, je dirais. […]
[...] Je l’ai déjà mentionné auparavant, j’avais ma propre stratégie lors du Concours Chopin. C’était une stratégie un peu égoïste de me concentrer entièrement sur mon programme, sur moi-même, mes sentiments et mes émotions. Et une séparation complète de l’ambiance de compétition, et donc des journaliste et des médias comme la radio ou la télévision. Je n’ai pas lu les journaux, je n’ai pas écouté la radio. Tout cela pour être très plongé dans la musique. Dans mon programme et mes idées que j’ai développés au cours des mois et des années précédentes, comme ces préparations ont eu lieu relativement tôt, en fait, après avoir remporté le concours dont nous avons parlé à Hamamatsu, j’ai voulu que cela fonctionne. D’après mon expérience j’ai senti que ce serait une bonne stratégie qui fonctionnerait pour moi, sans écouter les autres participants, sans suggérer la performance de qui que ce soit. Et en fait, cela a fonctionné. […]
Oui, j’attendais avec mes parents et mon professeur. […] Krystian Zimerman m’a écrit une lettre de félicitations, disant qu’à partir de maintenant, je diviserais ma vie entre celle d’avant et celle d’après la compétition. Et il avait raison. Ce n’est pas que je sois influencé d’une manière ou d’une autre par cette lettre, mais par l’énormité des différents évènements, des choses, de nouvelles personnes et de nouvelles histoires. […]
"Le rang d’une œuvre musicale se mesure à la multiplicité de ses interprétations sensées"
Lequel des gagnants [ du Concours Chopin ] est pour vous un modèle ? Peut-être qu’il y en a plusieurs ?
[...] Le Pr Stróżewski a dit un jour que le rang d’une œuvre musicale se mesure à la multiplicité de ses interprétations sensées. Une œuvre musicale ne se résume pas à une seule interprétation, elle peut avoir une infinité d’interprétations, mais elles doivent être sensées. [...] Comment dire laquelle est plus judicieuce que l’autre ? [...]
Qui indiqueriez-vous alors ?
Krystian Zimerman, Martha Argerich, Maurizio Pollini.
Et quelques particularités de chacun d’eux ?
Ils sont complètement différents, mais tous fascinent. Mais aussi de nombreux autres gagnants de ce concours. De belles Mazurkas jouées par Fou Ts’ong, Adam Harasiewicz et son beau genre de style Chopin doré. Ainsi vous pouvez facilement vous inspirer de différentes choses et de différentes interprétations. Désigner un seul homme, un seul artiste est une voie très risquée.
"Après un concert, je n'arrive pas à m'endormir"
[…] Je ne sais pas si nos téléspectateurs le savent, mais Rafał très souvent ne veut pas rester après le concert à l’endroit où se déroulait ce concert et il revient.
Tout simplement parce que ce serait une perte de temps, car je n’arrive généralement pas à dormir après. Le niveau d’adrénaline est assez élevé alors j’essaie d’utiliser ce temps pour voyager. Je prends le volant et je continue. […]
D’où vous est venue cette idée ?
C’est une idée élaborée juste comme ça. J’ai eu quelques nuits blanches après le concert, que j’ai trouvées inutiles. Je m’endors après quatre heures du matin, alors que dois-je faire ? Je peux rattraper mon retard de courrier, certains retards liés à des problèmes de gestion, mais après le concert, je n’ai pas toujours envie de m’asseoir devant l’ordinateur. Pendant ce temps, se concentrer sur la route et sur la conduite est un moment de détente.
On dit que c’est une sorte de méditation
Je ne suis pas sûr, j’essaie plutôt d’être ici et maintenant en conduisant, et de ne plus analyser ce qui se passe sur scène.
C’est votre façon de vous isoler
Pour me retirer, m’apaiser, égaliser mon niveau d’émotions assez élevé lors des concerts. C’est comme ça que ça se passe, et ça marche pour moi, même si j’ai choisi plus souvent les avions après la pandémie. […]
"Les Préludes sont toujours au début"
Avez-vous déjà oublié un morceau lors d’un concert ?
Heureusement, pas encore , et j’espère que cela n’arrivera jamais. […]
[...] Nous avons évoqué la lettre de félicitations de Krystian Zimerman. Quels enregistrements vous a t-il proposé ?
[...] Il s’est dit fasciné par les six Préludes que j’ai interprétés au Concours Chopin lors de la première étape. J’ai débuté le Concours par le Prélude Opus 28 n° 7, et j’ai joué les suivants jusqu'au sol dièse mineur [n° 12]. Krystian Zimerman a donc suggéré qu’il pourrait être intéressant d’aborder ces Préludes, de les préparer tous, et de se lancer dans une carrière internationale en commençant par le début, par les Préludes, car, comme il l'a dit : "les Préludes sont toujours au début". J’ai aimé l’idée. Je les ai préparés et je les ai joués lors de divers concerts, on peut dire partout dans le monde, en Europe, en Amérique, et en Asie. Je me suis senti à l’aise dans ce cycle et j’ai décidé que deux ans après le Concours, j’enregistrerais ce matériel au studio d’enregistrement de Hambourg. C'est ainsi qu'est né le premier album. [...]
Disque d’or, immédiatement après quelques heures
C’était une sorte de réussite. Le premier album du lauréat polonais. [...]»
💫 ぶらあぼ (Bravo), Haruka Kosaka, 6 décembre 2022
"Je pense que ma mission est de transmettre, à travers la musique, de la bienveillance et de l’amour envers les autres."
Être une bonne personne. Je veux être une personne bienveillante et respectueuse envers toutes les personnes que je rencontre. L’humanité est la chose la plus importante.
Pour moi, il est extrêmement important de partager la beauté de la musique avec les autres, de partager mon amour pour la musique. La musique est ma vie. Ce n’est pas simplement un travail pour moi, c’est bien plus que cela. Je pense que ma mission est de transmettre, à travers la musique, de la bienveillance et de l’amour envers les autres.

"Il n’est pas nécessaire d’être Polonais pour pouvoir bien jouer Chopin. Le plus important n’est pas la nationalité, mais la sensibilité"
Oui, je suis très fier de Chopin et en tant que Polonais, je suis fier de l’affronter. Parfois, il m’est plus facile de comprendre le style musical de Chopin – surtout lorsque je joue des Mazurkas ou des Polonaises, il y a beaucoup de détails caractéristiques des danses polonaises, ainsi que dans les Concertos, le dernier mouvement du Concerto pour piano n° 2 est une danse typique de Cracovie. La musique folklorique polonaise est une grande source d’inspiration pour Chopin. Mais en général, il n’est pas nécessaire d’être Polonais pour pouvoir bien jouer cette musique, il y a beaucoup d’artistes qui jouent bien Chopin, ils ne sont pas Polonais et pourtant ils le sentent, ils comprennent le style même dans les Polonaises et les Mazurkas. Le plus important n’est pas la nationalité, mais la sensibilité [...]

"Le Concerto en mi mineur de Chopin, en particulier le troisième mouvement me rappelle toujours le Concours Chopin"
« Le finale du Concerto en mi mineur n’est pas oublié. […] le Concerto en mi mineur de Chopin, en particulier le troisième mouvement – les deux dernières pages – me rappelle toujours le Concours Chopin. […]»

"J'ai été influencé par Rubinstein, pour son rubato très naturel qui vient du cœur"
« Oui, par Rubinstein, pour son rubato très naturel qui vient du cœur ; par Michelangeli, qui fit preuve, dans Beethoven, Scarlatti et les Préludes de Debussy, d'un équilibre idéal entre intelligence et émotion ; enfin, par Paderewski, pour sa sonorité et son phrasé très naturels. Parmi les vivants, j'ai aimé rencontrer Maurizio Pollini et András Schiff. Pouvoir discuter avec des musiciens de ce niveau est enrichissant.
"Il faut garder le style du compositeur. Sinon, autant composer soi-même"
Croire en Dieu m'aide beaucoup dans mon art. Je cherche l'heure de la messe sur Internet, même quand je suis au Japon. Par ailleurs, je fais beaucoup de jogging et j'évite l'avion, trop déshumanisant. Je préfère conduire d'un concert à l'autre. Je m'intéresse beaucoup à la phénoménologie husserlienne, et participe à des séminaires sur les limites et la liberté de l'interprétation musicale. Je pense que l'artiste doit respecter les intentions du compositeur et trouver un espace qui lui permette d'exprimer également sa propre sensibilité. Notre jeu change en permanence, selon notre humeur. Mais il faut garder le style du compositeur. Sinon, autant composer soi-même.»
"Mon jeu silencieux"
[...] Chopin disait parfois de sa musique « mon jeu silencieux ». Cela s'applique, je pense, à la sphère des émotions. Chopin ne trahissait pas d'émotivité exubérante, et sa riche émotivité était toujours contenue dans le classicisme dont elle était issue. Introvertie, son émotivité se traduisait dans les sonates pour piano en piano, mezzo piano. Même au point culminant, il n'accentuait pas le volume à l'extrême. [...] La lecture de ce livre m'a permis d'avoir une vision plus expressive de mon compositeur préféré. [...]
Rafał Blechacz interprète le IVe mouvement: Finale — Presto non tanto, de la Sonate n° 3 Opus 58, Tanzsaal an der Panke, Berlin, 2023
Mises à jour récentes
- Mise à jour du 12 avril 2025:
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- Mise à jour du 28 mars 2025:
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- Mise à jour du 26 mars 2025:
- précisions sur le récital du 27 avril 2025, à consulter au chapitre Les prochains concerts
- Mise à jour du 22 mars 2025:
- Ajout d'une nouvelle date de récital: le 9 juin 2026, à consulter au chapitre Les prochains concerts
- Mise à jour du 21 mars 2025:
- Ajout d'une nouvelle date de récital: le 25 avril 2025, à consulter au chapitre Les prochains concerts
- Mise à jour du 18 mars 2025:
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- Ajout du programme du récital du 14 juin à Nohant, à consulter au chapitre Les prochains concerts
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Mises à jour:
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- création de deux sous-chapitres au chapitre L' art de Rafał Blechacz en quelques mots :
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- Mise à jour du 4 février 2025:
- Ajout du premier temps fort de la saison 2025/26 de Rafał Blechacz à Taïwan, à consulter au chapitre: Dernières actualités
Ajout d'un extrait de la préface par Rafał Blechacz du livre de Piotr Witt: Chopin à Paris, une affaire non classée, à consulter au chapitre: Conversations avec Rafał Blechacz
Ajout d'une photo du concert d'hier à Vilnius, à consulter au chapitre: Quelques photos
Ajout d'une nouvelle interview avant le concert de ce soir à Vilnius, à consulter au chapitre Conversations avec Rafał Blechacz
Confirmation de la présence de Rafał Blechacz au Festival Chopin de Nohant, à consulter au chapitre Les prochains concerts
Ajout d'une nouvelle interview, à consulter au chapitre Conversations avec Rafał Blechacz
Ajout d'une date de concert: 20 mai 2025 Suisse – Lucerne – Concerto pour piano n° 1 de Chopin avec Alessio Allegrini et l'Orchestre des droits de l'homme (HRO) (kkl-luzern.ch)
Concerts de 2024:
- 22 décembre 2024 Japon – Osaka – Récital avec Daishin Kashimoto (non confirmé par Deutsche Grammophon, n'a pas eu lieu)
- 21 décembre 2024 Japon – Hyogo – Récital avec Daishin Kashimoto: Mozart, Beethoven, Debussy et al. (Deutsche Grammophon)
- 20 décembre 2024 Japon – Nagoya – Récital avec Daishin Kashimoto: Mozart, Beethoven, Debussy et al. (Deutsche Grammophon)
- 19 décembre 2024 Japon – Tokyo – Récital avec Daishin Kashimoto: Mozart, Beethoven, Debussy et al. (Deutsche Grammophon)
- 17 décembre 2024 Japon – Mito – Récital avec Daishin Kashimoto: Mozart, Beethoven, Debussy et al. (Deutsche Grammophon)
- 15 décembre 2024 Japon – Tokorozawa – Récital avec Daishin Kashimoto: Mozart, Beethoven, Debussy, Franck (Deutsche Grammophon)
- 14 décembre 2024 Japon – Kawasaki – Récital avec Daishin Kashimoto: Mozart, Beethoven, Debussy et al. (Deutsche Grammophon)
- 11 décembre 2024 Japon – Sapporo – Récital avec Daishin Kashimoto : Mozart, Beethoven, Debussy et al. (Deutsche Grammophon)
- 8 décembre 2024 Japon – Yokohama – Concerto avec Paavo Järvi et l'Orchestre Deutsche Kammer Bremen: Mozart: Concerto pour piano n° 23 K. 488 (Deutsche Grammophon)
- 7 décembre 2024 Japon – Kumamoto – Concerto avec Paavo Järvi et l'Orchestre Deutsche Kammer Bremen: Mozart: Concerto pour piano n° 23 K. 488 (Deutsche Grammophon)
- 10 novembre 2024 Allemagne – Munich - Concerto avec l'Orchestre BR
- 30 octobre 2024 Allemagne – Düsseldorf – Concerto
- 27 octobre 2024 Chine – Xi'an – Récital
- 26 octobre 2024 Chine – Shanghai – Récital
- 24 octobre 2024 Chine – Woxi – Récital
- 23 octobre 2024 Chine – Pékin – Récital
- 20 octobre 2024 Italie – Milan- La Scala – Récital (remplacement posthume de Maurizio Pollini 🖤)
- 6 octobre 2024 Allemagne – Usedom, Peenemunde - Concerto avec Alan Gilbert et l'Orchestre NDR
- 2 octobre 2024 Allemagne – Usedom, Seebad Ahlbeck – Récital
- 29 septembre 2024 Allemagne – Karlsruhe – Concerto avec K. Wincor
- 28 septembre 2024 Allemagne – Heilbronn – Concerto avec Katharina Wincor
- 27 septembre 2024 Allemagne – Villingen-Schwenningen – Concerto avec SWR et Katharina Wincor
- 9 septembre 2024 Allemagne – Hambourg – Concerto
- 8 septembre 2024 Allemagne – Hambourg – Concerto
- 6 septembre 2024 Allemagne – Hambourg – Concerto avec Kent Nagano
- 30 août 2024 Allemagne – Wartburg, Eisenach – Récital
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