Le désir de Frédéric Chopin de s'évader de l'étroitesse de l'horizon de Varsovie, de découvrir la vie musicale internationale, et d'établir des liens avec des artistes éminents devient de plus en plus impérieux. Bien que sa santé reste fragile, ses parents comprennent qu'ils ne pourront pas protéger leur fils dans un cocon toute sa vie. Ils décident de l'envoyer d'abord à Berlin, puis à Vienne, pour évaluer sa capacité à supporter les contraintes du voyage, et déterminer si un départ pour Paris, essentiel à sa carrière, est envisageable.
En septembre 1828, un savant allemand réputé, Alexander von Humboldt, organise un congrès de naturalistes à Berlin, la capitale de la Prusse. Feliks Jarocki, professeur à l’université de Varsovie, et l’un des plus proches amis de Nicolas, est invité à ce congrès. Il accepte volontiers d’emmener Frédéric à Berlin.
Après cinq jours de diligence, F. Chopin et F. Jarocki arrivent à Berlin. Frédéric, non sans humour, résume l'inconfort de cette traversée:
« Les diligences prussiennes sont montées sur barres et l’on s’y sent broyés comme grains de poivre dans le moulin.1 »
"Les Berlinoises s’habillent, il est vrai, et c’est grand dommage de froisser d’admirables mousselines"
« Elles s’habillent, il est vrai, et c’est grand dommage de froisser d’admirables mousselines pour pareilles poupées de chiffon 3.»
"L’Oratorio Ode à Sainte Cécile de Haendel se rapproche plus de l’idéal que je me suis fait de la grande musique"
« J'ai entendu avec plaisir trois opéras (...). Toutefois l’Oratorio Cäcilienfest de Händel se rapproche davantage de l’idéal que je me suis fait de la grande musique. 5»
![]() |
Sainte Cécile, Nicolas Poussin, Musée du Prado, Madrid (wikipedia.org) |
![]() |
La Sing-Akademie (Académie de chant) à Berlin, gravure de E.H. Schroeder d’après Ludwig Eduard Lütke (vers 1850, abebooks.fr) |
"Ce ne sera qu’à Paris sans doute, qu’il n’y aura plus de mais"
« Parmi les cantatrices les plus renommées, la plupart ont des défauts, sauf Mlle Tibaldi […]. Cependant là aussi, tout ne va pas sans mais, ce ne sera qu’à Paris sans doute, qu’il n’y aura plus de mais. 6 »
Il explore également la ville qui lui paraît démesurée, et visite deux fabriques de pianos ainsi que la boutique de l’éditeur Adolph-Martin Schlesinger (père de Maurice Schlesinger, fondateur en 1821 d'une maison d'édition musicale à Paris 7 ).
![]() |
Gravure de l’Opéra de Berlin par Joseph Mondhare (1734-1799) |
"Tout ce qui était assis buvait et brinquebalait en mesure avec la musique"
A son grand regret, il ne parvient pas à rencontrer les musiciens berlinois. Sa timidité l’empêche même d’approcher Felix Mendelssohn, d’un an son aîné, mais déjà bien plus célèbre.
« Qui vivait chantait. Tout ce qui était assis buvait et brinquebalait en mesure avec la musique. 8 »
![]() |
Portrait de F. Chopin à dix-huit ans, lithographie de Josef Kriehuber, d'après une miniature de Moritz Daffinger réalisée à Vienne. 9 (📸 fryderykchopin.weebly.com) |
🎶
G.F. Haendel: Ode for Saint Cecilia's Day, HWV 76 - 4. Aria: What Passion cannot Music Raise and Quell,
Teresa Stich-Randall, London Chamber Orchestra (1959)
🎶
![]() |
Parcours de F. Chopin à l'été 1828: Sanniki, puis Berlin (repères bleus) google.com/maps: La Pologne et la chronologie des voyages de F. Chopin |
📚 Sources: Bibliographie
➡️ Découvrez l'escale de F. Chopin à Poznań entrée dans la légende en cliquant sur l’épisode 18: F. Chopin à Poznań: Rencontre musicale ou légende biographique? (Biographie #18)
⏱ La chronologie des œuvres de Chopin est détaillée dans la page : Œuvres complètes
Une partie de cet article est inspirée d'un tweet publié le 22 novembre 2022 : Hanami sur X: 💐 Haendel a créé l'Ode for St. Cecilia's Day
Cet
article a inspiré un message publié sur Facebook
le
14 avril 2025: Chopin
l'Enchanteur: 🌹 Ode for St. Cecilia's Day
Note: afin de faciliter la recherche, en raison des contraintes de clavier, les noms cités sont orthographiés ici sans signe diacritique ni déclinaison : Poznan, Fryderyk, Bronislaw, Handel
(Biographie #17)
Commentaires:
Enregistrer un commentaire