Ferdinand Hiller (1811- 11 mai 1885🌹), à qui Chopin dédia les Nocturnes op. 15, écrit en 1877, vingt-huit ans après sa disparition:
« Mais il faut m’exprimer sur son jeu merveilleux, qui restera empreint dans mon âme jusqu’à mon dernier souffle.
J’ai dit qu'il se livrait rarement; mais au piano il le faisait plus complètement que je ne l'ai jamais plus entendu chez aucun autre artiste musicien. II se donnait dans un état de concentration tel que toute pensée étrangère disparaissait.
Personne n'a jamais mû de la sorte les touches d'un piano; personne n'a su en tirer les mêmes sonorités, nuancées à l'infini. La fermeté rythmique s'alliait à la liberté dans la déclamation de ses mélodies, en sorte que celles-ci semblaient naître à l'instant.
Ce qui chez autrui était élégante ornementation faisait chez lui l'effet de la parure multicolore des fleurs; ce qui était dextérité technique chez autrui avait chez lui l'allure du vol de l'hirondelle.
Toute considération tendant à isoler des qualités – nouveauté, grâce, perfection, âme – tombait : c'était Chopin, en un mot.
On ressentait même comme un élément de charme l'absence de cette puissance de sonorité – propre à Liszt, Thalberg et autres – qui en impose; un sentiment de nostalgie résultait du vain combat engagé contre la matière par l'énergie de la pensée.
Même la compréhension la plus approfondie de ses compositions, la plus infime familiarité avec elles ne sauraient donner une idée de cette poésie du discours qui lui appartenait en propre. Toute pensée attachée au corporel s'évanouissait; son jeu était comme la lumière d'un merveilleux météore qui nous ravissait doublement par son impénétrable secret. » 1
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Ferdinand Hiller vers 1830, Marie-Alexandre Alophe (📸 annexgalleries.com) |
Pianiste et compositeur allemand établi à Paris entre 1828 et 1836, Hiller fut un ami proche de Chopin. Un jour, il termina l'une de ses lettres à Chopin par ces mots :
« … objet adoré de mon cœur. 2 »
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Arthur Rubinstein interprète le Nocturne en fa dièse majeur, opus 15 n° 2
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📖 Sources:
1. Jean-Jacques Eigeldinger, Chopin vu par ses élèves, p. 342-343
2. Marie-Paule Rambeau, Chopin, l’enchanteur autoritaire, p. 257 et 277
Cet article est inspiré d'un message publié sur Facebook le 11 mai 2025: Chopin l'Enchanteur: Ferdinand Hiller (1811- 11 mai 1885 🌹)
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