En 1833, le critique musical berlinois Ludwig Rellstab s’exprimait avec sévérité à propos des premiers Nocturnes (op. 9) de Chopin, dans sa revue Iris, établissant un parallèle avec John Field, le compositeur irlandais considéré comme le créateur du genre :
« Là où Field sourit, M. Chopin se tord en grimaces ; là où Field soupire, M. Chopin gémit ; où Field hausse les épaules, M. Chopin se cambre ; si Field ajoute quelques épices à son mets, M. Chopin y verse une pleine poignée de poivre de Cayenne. […] Nous conjurons M. Chopin de revenir au naturel. »
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Revue Iris du 2 août 1833, première page et début de l'article de Rellstab (📸archive.org) |
Mais six ans plus tard, le 5 juillet 1839, le même Rellstab revient sur le Nocturne op. 9 n° 2, fraîchement réédité, avec un regard métamorphosé :
« Le monde a-t-il changé, ou bien est-ce nous qui avons changé ? [...] Ce nocturne nous paraît désormais léger et fluide. Il se présente avec aisance, même si son exécution pourrait demander quelques efforts. [...] Ce nocturne de Chopin est très beau. Il possède en partie un caractère que les Italiens aiment appeler « innocente » ; il est orné avec grâce, préparé avec de délicates harmonies. On peut donc à juste titre le considérer comme un joyau dans la couronne brillante du célèbre nom de son compositeur, et l’accueillir avec estime dans le monde musical. »
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Revue Iris du 5 juillet 1839, première page et début de l'article de Rellstab 📸archive.org) |
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Seong-Jin Cho interprète le Nocturne en mi bémol majeur op. 9 n° 2
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📖 Sources :
1. Tadeusz A. Zieliński: Frédéric Chopin, p. 380-381
2. L’Institut National Frédéric Chopin (Narodowy Instytut Fryderyka Chopina): 5 July 1839
3. Revue « Iris im Gebiete der Tonkunst»
Cet article est inspiré d’une publication parue sur Facebook (Chopin l'Enchanteur): 👑 Quand Chopin métamorphose son plus féroce...
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