Ces amis se retrouvent au café Dziurka (Petit Trou) de la rue Miodowa, situé face à la librairie musicale de Brzezina, et ainsi nommé parce que l'accès se fait par une porte très étroite.
Ce café, surtout fréquenté par la jeunesse progressiste, occupait la mezzanine d'un bâtiment où se trouvait également un autre café, le Pod Kopciuszkiem (Cendrillon), plus conservateur, au rez-de-chaussée.2 Frédéric fréquentait également ce dernier, où il retrouvait Kurpiński et les amis de son père. Le bâtiment a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et n’a pas été reconstruit.
Un autre lieu de rencontre, le café Pani Brzezińska, existe toujours. Situé rue du Faubourg de Cracovie (Krakowskie Przedmieście), à l’intersection avec la rue Kozia 3, il porte désormais le nom de Café Telimena.
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Le café Pani Brzezińska, actuel café Telimena, rue du Faubourg de Cracovie (Krakowskie Przedmieście) (📸 Chopin Point) |
"Esprit génial, fin, spirituel et tendre, il badinait avec l’art, il le dominait, ensorcelait les auditeurs..."
Ces rencontres se terminent souvent par des réunions chez les participants, au cours desquelles les discussions artistiques et politiques sont ponctuées par la musique de Chopin et de Mochnacki.
Le poète Józef Bohdan Zaleski se rappellera plus tard:
« Avec Stefan Witwicki, nous étions souvent les hôtes, tantôt de Frédéric, tantôt de Maurycy, écoutant leurs productions. Chopin, alors gai, tout jeune, que nous appelions Szopenek (Chopinek ou Chopinet), nous jouait ses œuvres merveilleuses. Esprit génial, fin, spirituel et tendre, il badinait avec l’art, il le dominait, ensorcelait les auditeurs par l’exubérante originalité de son rythme polonais et de sa mélodie.4 »
F. Chopin empruntera à S. Witwicki (1801-1847) et à J. B. Zaleski (1802-1886) les textes de plusieurs Mélodies (Chansons polonaises) qu’il commence à composer dans les années 1829.
Les deux premières Mélodies ont été composées vers 1829 sur des textes de Stefan Witwicki.
La première, Życzenie (Le Désir, opus 74 n° 1, WN 21, première édition posthume en 1859), mieux connue par son premier vers que par son titre, est devenue un incontournable des recueils de chansons scolaires 6 :
Si j'étais un petit soleil dans le ciel (Gdybym ja była słoneczkiem na niebie,)Je brillerais toujours pour toi. (Zawsze bym świeciła dla Ciebie.)Je te réchaufferais, avec un rayon joyeux, (Ciebie bym wesołym promieniem,)Dans les tourments de ton âme. (Ogrzewała w duszy zmartwieniem.)
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Dorothee Mields et Nelson Goerner interprètent Życzenie
La deuxième est Gdzie lubi 7 (Où elle aime, opus 74 n° 5, WN 22, première édition posthume en 1859).
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Elzbieta Szmytka et Malcolm Martineau interprètent Gdzie lubi:
L’influence de Beethoven et Bach est perceptible dans les trois premiers mouvements. Le quatrième et dernier mouvement, le Finale, se dévoile comme un rondo classique typique, dont le refrain est rythmé par un krakowiak distinctif et accrocheur 8.
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Camille Thomas, Daniel Hope et Julien Brocal interprètent le Trio en sol mineur pour piano, violon et violoncelle opus 8: IV. Finale. Allegretto:
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La dédicace sera offerte au prince Antoni Radziwiłł, violoncelliste virtuose, en novembre 1829. L’inauguration, en août 1830 dans le salon des Chopin, réunira l'ancien maître Wojciech Żywny, et Józef Elsner, le professeur actuel. Le Trio sera publié en 1833, lorsque F. Chopin résidera à Paris, sous l'Opus 8. 9
Douze ans après l’avoir composé, F. Chopin confiera à son élève Friederike Müller, plongée dans l'étude du Trio, qu’il n’écrirait plus ainsi certains passages, mais que cette œuvre restait liée à une époque heureuse, "à Poznań, dans le château du prince Radziwiłł, au milieu des bois […]. Le matin, on chassait, le soir, on faisait de la musique. Hélas, aujourd’hui, le prince, sa femme, son fils, tous, tous sont morts." 10
Avant 1830 également, selon l'Institut National Frédéric Chopin (Narodowy Instytut Fryderyka Chopina), Frédéric compose trois Mazurkas:
- la Mazurka en ut majeur Opus 68 n° 1 (WN 24, première édition posthume en 1855) :
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Arthur Rubinstein interprète la Mazurka opus 68 n° 1:
- La Mazurka opus 68 n° 3 (WN 25, première édition posthume en 1855) en fa majeur:
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- et la Mazurka opus 67 n°1 (WN 26, première édition posthume en 1855) en sol majeur:
La Mazurka en sol majeur, opus 67 n°1, a été inscrite dans l'album de Mademoiselle Anna Młokosiewicz de Varsovie en 1835. On pense que Chopin l'y a inscrite à la station thermale de Karlovy Vary (ancienne Carlsbad), où la jeune fille prenait les eaux avec son père, un officier, et où Chopin était venu passer quelque temps avec ses parents. Cette Mazurka a été composée plus tôt, peut-être à Vienne, durant le long été de 1831, ou peut-être même plus tôt, avant 1830, à Varsovie. 11
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Arthur Rubinstein interprète la Mazurka opus 67 n° 1:
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Localisation du Palais Czapski (domicile de F. Chopin), du café Pani Brzezińska (actuel café Telimena), et de l'ancienne librairie musicale Brzezina au 8 rue Miodowa (📸 La Pologne et les voyages de F. Chopin – Google My Maps) |
1. Dominik Magnuszewski (1809 -1845) poète et dramaturge polonais. Pendant ses études au lycée de Varsovie et à la faculté de droit de l’Université royale de Varsovie, il se lie d’amitié avec Chopin et Krasiński notamment. Wikipedia: Dominik Magnuszewski
2. Institut National Frédéric Chopin (Narodowy Instytut Fryderyka Chopina) : ‘Pod Kopciuszkiem’ and ‘Dziurka’
3. Culture.pl: Fryderyk Chopin
4. Marie-Paule Rambeau: Chopin, l’Enchanteur autoritaire
5. Tadeusz A. Zieliński: Frédéric Chopin (page 196)
6. Institut National Frédéric Chopin : Życzenie
7. Institut National Frédéric Chopin : Gdzie lubi
8. 9. Institut National Frédéric Chopin: Trio opus 8
10. Marie-Paule Rambeau: Chopin, l’Enchanteur autoritaire, page 129
11. Institut National Frédéric Chopin : mazurka-in-g-major
📚 Sources : Bibliographie
⏱ La chronologie des œuvres de Chopin est détaillée dans la page : Œuvres complètes
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