Publié le :  janvier 19, 2025,  par

L'arrivée en France par Strasbourg (📖61)

( Dernière mise à jour: 15 avril 2025)

     Frédéric Chopin arrive à Strasbourg le 5 octobre 1831. 1 Cette ville française,  marquée par une forte influence allemande, lui paraît pourtant plus familière que Berlin ou Vienne. La place du Marché évoque celle de Varsovie, tandis que l’architecture des maisons rappelle celle de Cracovie. La structure de la ville s’inscrit dans la tradition des cités gothiques d’ Europe centrale, avec la cathédrale au centre, entourée de boutiques et d’un marché, et quatre rues principales, portant les noms des évangélistes, qui convergent vers la place centrale. 

L'horloge astronomique de Strasbourg (📸 Diliff — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, commons.wikimedia.org)


L'horloge astronomique de Strasbourg et son héritage

Strasbourg est un lieu important dans l’histoire du piano, notamment grâce à ses artisans renommés. L’horloge astronomique de la cathédrale, véritable chef-d’œuvre mécanique, témoigne de ce savoir-faire. 3

Frédéric a l’occasion d’admirer, dans une nef latérale de la cathédrale, les vestiges de cet ingénieux mécanisme, qui entretenait tant de liens avec la musique. 

Gottfried Silbermann (1683-1753), figure majeure de l’histoire du piano, a contribué à perfectionner l’instrument, en s’inspirant des principes de Bartolomeo Cristofori. Avec ses apprentis, il a étudié la construction de l’orgue de la cathédrale de Strasbourg. 5

Silbermann remplaça les sautereaux du clavecin par des marteaux, et après de nombreuses expérimentations, il présenta son nouveau piano à Jean-Sébastien Bach. Les instruments de Silbermann connurent alors une grande notoriété. 76 

C’est autour de l’orgue et de l’horloge astronomique de Strasbourg que se sont formés plusieurs pionniers de la facture du piano. Ignace Pleyel fut titulaire de l’orgue avant de venir fonder à Paris la première manufacture de pianos.  
 
Sébastien Érard, après avoir étudié l’horloge astronomique de Strasbourg 8, révolutionna le jeu des pianistes avec son mécanisme à double échappement, mis au point en 1822. 9 

 

Strasbourg et la famille Chopin

Strasbourg occupe aussi une place particulière dans l’histoire de la famille Chopin. 10

Nicolas, le père de Frédéric, est né dans le duché de Lorraine, alors sous la souveraineté de Stanislas Leszczynski [Stanisław Leszczyński], roi de Pologne. 11  En 1776, alors qu’il était encore enfant, son village natal, Marainville, devint propriété du comte Jan Michał Pac. Celui-ci, lié aux Radziwiłł, avait dû quitter la Pologne après son premier partage, en 1772. (L’histoire de la Pologne et de ses partages est plus détaillée dans l’article: La Pologne à l'époque de Frédéric Chopin). 

François Chopin, le père de Nicolas, était alors administrateur du village de Marainville, situé au pied de la colline de Sion-Vaudémont. Le comte fit de Nicolas son homme de confiance pour gérer ses affaires, notamment des droits forestiers liés à la région de Vaudémont.  

Le comté de Sion-Vaudémont était le foyer des princes Vaudémont, seigneurs de Lorraine, et prédécesseurs de Stanisław Leszczyński. 

A Marainville, où les habitants ne quittaient quasiment jamais leur village, on disait « faire Vaudémont » pour dire « aller au bout du monde »12.

Mais ces droits furent remis en question, et un procès exigea des allers-retours réguliers à Strasbourg, qui conduisirent Nicolas à fréquenter Strasbourg, où il se familiarisa avec la culture germanophone et la langue allemande.

 
La colline de Sion-Vaudémont
La colline de Sion-Vaudémont (📸 republicain-lorrain.fr)


Les révolutions et les Chopin

A la mort du comte Pac, en 1787, Nicolas accompagna son plénipotentiaire, Adam Jan Weydlich, en Pologne. Mais le règlement des affaires du feu comte se prolongea, et le déclenchement de la Révolution française empêcha Nicolas de retourner en Lorraine, tout comme quarante ans plus tard, l’Insurrection de Novembre coupera la route du retour en Pologne à son fils.  La situation politique en France, rapportée par sa famille à Strasbourg, conforta son choix de rester à Varsovie. À 18 ans, retourner en France aurait signifié pour lui un enrôlement quasi certain dans l’armée révolutionnaire, perspective qu’il préféra éviter. 14

Ignace Pleyel, cantor de la cathédrale de Strasbourg, fut contraint sous peine de mort, de composer deux grandes œuvres révolutionnaires. 

Quarante ans plus tard, à l’annonce d’une nouvelle révolution et du retour du drapeau tricolore sur la cathédrale, Nicolas craint que son fils ne subisse le même sort. 15

La cathédrale de Stasbourg illuminée
La cathédrale de Strasbourg illuminée (📸 La Chouette Photo)

Dessin d'enfant, Chopin au piano
Chopin au piano, dessin d'enfant (📸 Poslkie Radio Chopin)


Source : Piotr Witt: Chopin à Paris, une affaire non classée (préface de Rafał Blechacz):
1. 2. 3. 4. : respectivement pages 14, 76, 77, 78
5. 6. : respectivement pages 81 et 86
7. 8. : page 82
9. 10. 11. 12. 13. 14. : respectivement pages 86, 88, 91, 89, 92-93, 94

📚 Sources : Bibliographie

➡️ Explorez la vie de F. Chopin, de l'enfant prodige et espiègle à l'adulte bien éloigné des clichés, en cliquant sur ce lien : Biographie

Cet article a inspiré un message publié sur Facebook le 15 avril 2025: Chopin l'Enchanteur: 🎂 Anniversaire de Nicolas Chopin

Note: afin de faciliter la recherche, en raison des contraintes de clavier, les noms cités sont orthographiés ici sans signe diacritique ni déclinaison :  Fryderyk, Radziwill, Jan Michal Pac, Erard, Stanislas Leszczynski

(Biographie #61)


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