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Frédéric Chopin à Vienne : Éclat d'un météore musical - Août 1829 (Biographie #26)
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Le second concert, toujours au Théâtre de l’Opéra impérial et royal (Kärntnertortheater) , au programme duquel figurait le Rondo à la Krakowiak et les Variations sur un thème de Mozart remporte un énorme succès public. Frédéric reçoit une ovation, mais malgré cela, il est confronté à une remarque désobligeante d'un auditeur, qu’il accueille avec philosophie.
Karl-Wenzel-Zajicek (1860-1923), Kärntnertortheater (Théâtre de l’Opéra impérial et royal) à Vienne, aquarelle sur papier (wikimedia) |
"J’ai plu, je le sais, aux dames et aux artistes"
Dès le lendemain du concert, le 19 août 1830, Frédéric écrit à sa famille:
« Si je fus bien accueilli la première fois, je le fus mieux encore hier. Les bravos reprirent par trois fois lorsque je parus sur scène et le public était venu en plus grand nombre. […] Mon Rondo m’a procuré l’estime de tous les musiciens. Du chef d’orchestre à l’accordeur de piano, tous se sont déclarés frappés par la beauté de la composition. J’ai plu, je le sais, aux dames et aux artistes. […] Mais j’ignore si j’ai contenté ces pétrifiés d’Allemands [sic 😅]. […] et j’allai me coucher en me disant à moi-même:
"Il n’est pas encore né
Celui qui plaira à tout le monde"
[…] Personne ne me considère ici comme un élève. Blahetka s’étonne de ce que je n’ai jamais étudié ailleurs qu’à Varsovie. Je lui ai répondu qu’avec M. Żywny comme avec M. Elsner un âne bâté lui-même apprendrait.
[…] J’ai conquis les savants et les sensibles. Il y aura de quoi bavarder.
[…] Je reviens à l’instant d’avoir été prendre congé de Schuppanzigh [le fondateur du meilleur quatuor à cordes européen] et de Czerny. Ce dernier est plus sensible et plus tendre que toutes ses œuvres. […] » 1
Frédéric n’a pas le temps de prendre connaissance des critiques car il part de Vienne en direction de Prague dès le lendemain du concert, mais elles s’avèrent enthousiastes.
"Bien que pur et assuré, son doigté rappelle fort peu celui de nos virtuoses, dont l’éclat proclame qu’ils sont bel et bien des virtuoses, tandis que lui le suggère à peine"
Après le premier concert, un article paru dans la revue Wiener Theaterzeitung le 20 août déclare:
« Chopin a créé une surprise: nous avons découvert en effet, en lui, un beau et remarquable talent. Considérant le caractère personnel de son jeu et de ses compositions, l’originalité de la forme et la force de sa personnalité, on pourrait lui reconnaître déjà un peu de génie […] Bien que pur et assuré, son doigté rappelle fort peu celui de nos virtuoses, dont l’éclat proclame qu’ils sont bel et bien des virtuoses, tandis que lui le suggère à peine, tel un interlocuteur dans une compagnie éclairée évitant cette outrecuidance rhétorique qui, chez les virtuoses, passe pour indispensable. […] Avec une simplicité naturelle, le jeune virtuose accepta à la fin du concert d’improviser librement devant notre public qui, à l’exception de Beethoven et de Hummel, n’accorda qu’à quelques rares improvisateurs sa gracieuse considération. Bien que le jeune homme, changeant plusieurs fois de thème, traitât à l’évidence l’improvisation comme un jeu, le cours de sa pensée, ses transitions infaillibles et ses développements limpides dévoilèrent un talent fort rare dans ce domaine. M. Chopin a fait aujourd’hui un plaisir si grand à un petit auditoire qu’il faut vraiment qu’il se produise à nouveau devant un public plus nombreux...2»
"Son désir de faire de la musique l’emporte visiblement sur le désir de plaire"
« C’est un jeune homme qui suit son propre chemin, où il sait plaire, bien que sa manière de jouer – et de composer – diffère considérablement de ce que l’on entend d’ordinaire, avant tout parce que son désir de faire de la musique l’emporte visiblement sur le désir de plaire. Aujourd’hui aussi M. Chopin a plu unanimement. 3»
"La limpidité très rare de l’exécution, ainsi que ses œuvres marquées du sceau du génie véritable..."
« M. Chopin, pianiste de Varsovie, que l’on dit élève de Würfel, s’est révélé un maître de premier ordre. L’exceptionnelle délicatesse de son doigté, son incroyable habileté technique, sa manière parfaite de nuancer, née d’une extrême sensibilité, la retenue et le crescendo des sons, la limpidité très rare de l’exécution, ainsi que ses œuvres marquées du sceau du génie véritable - les Variations, le Rondo, l’improvisation libre – permettent de reconnaître en lui un virtuose indépendant, généreusement doté par la nature, qui, sans tapage inutile, apparaît comme l’un des météores les plus brillants dans le ciel de la musique.4 »
1. 2. Bronisław Edward Sydow: Correspondance de Frédéric Chopin,
tome I (Korespondencja Fryderyka Chopina)
3. 4. Tadeusz A. Zieliński: Frédéric Chopin
📚 Sources: Références bibliographiques
➡️ Découvrez la suite du voyage de F. Chopin, de Prague à Teplice en cliquant sur l'épisode suivant: Août 1829. Le voyage de F. Chopin: de Vienne à Prague et au-delà (Biographie #27)
⏱ La chronologie de l’oeuvre de F. Chopin est détaillée dans l’article " Oeuvres complètes de F. Chopin par ordre chronologique"
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